mercredi 12 octobre 2011

Croix d'Augas: Souvenir de Paul Merwart

Page d'histoire.

Médaillon de Paul Merwart et Vénus callypige
Quand le texte était lisible...
source 

 Paul Merwart est un illustre inconnu que le randonneur croise au hasard d'un chemin un peu sombre, surplombé par l'auberge de la Caverne d'Augas.  Ses restes  sont enterrés derrière le médaillon de bronze, quelques os retrouvés après l'éruption du Mont Pelé en 1901, identifiés grâce à sa chaîne de montre et à son lorgnon. Sur l'image, pour meubler sa solitude, nous l'accompagnons du nu de Vénus callypique, un peu académique, qu'il a peint.
Étonnante chose au passage : les médaillons de la forêt, sauf exception (Millet et Rousseau) seront la seule postérité de ces illustres inconnus: Merwart, un peintre parmi d'autres, Fouché de Carrel...
Merwart est né en Russie en 1855 et vient souvent peindre en forêt de Fontainebleau pour y apprendre l'art du paysage. Introduit dans le milieu colonial par son frère Émile, gouverneur des Colonies, qui habite Avon, Paul Merwart devient le peintre officiel du ministère des Colonies puis de celui de la Marine.
A l'époque, en mai et juin 1906, l'Abeille de Fontainebleau a relaté la pose de ce médaillon.
Le début des travaux est annoncé le 13 avril, on rappelle que Merwart habite à Fontainebleau au 27 rue Charles Comte.
Caverne d'Augas sous un banc de grès de trois mètres d'épaisseur
Le 4 mai, un article dit ceci: «Depuis un mois sont commencés les travaux d'aménagement du médaillon Merwart sur le banc de grès dominant la caverne d'Augas. Malgré la bonne volonté des ouvriers, le creusement de la pierre, très dure sur cette grande surface n'avance pas vite. On espère cependant, sans pouvoir l'assurer encore, avoir fini vers le milieu de ce mois, afin que l'inauguration puisse avoir lieu vers le 20 mai. On sait en effet que le frère du peintre, gouverneur des Colonies, part le 25 mai pour l'Oubangui.»
Le 15 juin, les scellements du médaillon et de la plaque sont terminés. Un deuxième médaillon lui est consacré 15 rue Royale dans la cour de la bibliothèque de Fontainebleau.  Il a son article sur Wikipédia.
Et la caverne d'Augas, quelle était son origine ?
Elle  avait été creusée par des carriers et on disait qu'elle était la plus vaste de la forêt. 
Colinet, le continuateur de Denecourt, dont le médaillon se trouve à quelque dizaine de minutes de là finit de l'aménager en 1880.
Il déclara: elle est pratiquée sous un énorme banc de grès qui  n'a pas moins de trois mètres d'épaisseur. Les travaux du carrefour de la croix d'Augas, juste au-dessus, obligèrent à la murer en 1973 pour des raisons de sécurité.
Une femme pensive face au médaillon de Paul Merwart

Cliquer sur l'image pour l'agrandir

Quand la caverne n'était pas comblée...

lundi 10 octobre 2011

Auxerre-Chablis-Tonnerre

Randonnée de groupe.
Voilà enfin une météo digne d'un mois d'octobre après le temps estival de la semaine dernière. Les randonneurs sont allés passer ce dimanche en Bourgogne: après avoir participé à deux reprises (série en cours) à Auxerre-Vézelay, c'était trop tentant de faire cette variante proposée par le Club alpin français d'Auxerre.
D'ailleurs, Auxerre, ils ne l'ont toujours pas vu puisqu'ils sont partis de Beine. Ensuite sous une pluie tenace qui met en valeur le paysage en rafraîchissant les couleurs, ils ont marché....



Le clou de la journée c'est la découverte de la fosse Dionne à Tonnerre. Une randonneuse a attiré notre attention vers cette source qui dégage un parfum de mystère: elle est le résultat des infiltrations des précipitations dans les couches calcaires...la suite sur Wikipédia.  
Galerie d'images.
Comme on peut le lire dans les récits des spéléologues, son exploration est plutôt dangereuse et réservée à des spécialistes. Comme si la source voulait garder son mystère, qui a des petits airs de fantastique et de magie avec ses légendes locales. Elle fait aussi penser à l'univers d'Harry Potter, avec sa référence au Basilic...Mystère d'un puits sans fond....





jeudi 6 octobre 2011

De Bois-le-roi à Fontainebleau

Randonnée solitaire.
De Bois-le-roi à Fontainebleau  (cliquer pour avoir un affichage dynamique), octobre 2011, à pied, par la forêt. Par David.
Au format PDF (30 mo), les photos de la balade sur Scribd.

L'histoire météorologique retiendra que le début octobre 2011 a été estival. Quelques différences avec l'été : à 13 heures, malgré la chaleur, l'herbe est encore humide de rosée, et, sur les chemins, des tapis de glands roulent sous la semelle des chaussures. Au cours de cette randonnée, je  photographierai la nature changeante des sols, l'alternance de ses couleurs .
nature des sols (4) (Copier)nature des sols (1) (Copier)
13h50, j'arrive au Pont Victor au-dessus de  la ligne SNCF, à la sortie de Bois-le-roi. Le départ réel a lieu ici.
champ de phytolaques 02-10-2011 14-04-46 (Copier)
Tout d'abord, sur la route Victor, sur cette coupe rase, à droite, un champ de phytolaques a poussé.
14h21 route du Hère, route des Écouettes, sableuse. Sur le bord du chemin, cet étrange champignon avec ses bras couvert de restes de gléba, qui dégage une odeur de pourriture: un Anthurus d’Archer, de la même famille que le satyre puant.
Anthurus d'Archer (1) (Copier)Anthurus d'Archer (Clathrus archeri) (2)

On sort de la “grande forêt” pour entrer dans des peuplements plus jeunes et plus bas. Toujours le sol sableux, et des trous, des espèces de cuvette au-milieu du chemin.  Avec les pins, le sable et le ciel bleu clair entre les arbres, on a l'impression qu'une plage nous attend. Au pied d'un arbre, torses nus, un homme et un enfant. L'homme dort, comme écrasé de chaleur, l'enfant me regarde passer.
route des Écouettesroute des écouettes
Dans les sentiers de Samois, qui sinuent en sous-bois. Le sol a encore changé: il est marron clair.
Je sors des sentiers samoisiens, j’ai croisé deux personnes, le sol est gris sur la route Eugénie, avec des touffes d'herbes un peu partout, beaucoup de fougères sur les cotés. Devant, la barre du rocher Cassepot, le premier dénivelé de la journée.
La montée abrupte et caillouteuse, semée de cosses de châtaignes, me fait sortir des zones  plates et  droites  de la forêt. Au sommet, un vététiste, un caméscope à la main. Je m'engage, à gauche, sur un sentier qui se faufile entre deux rochers, dans les reliefs escarpés du rocher Cassepot. La nature est si foisonnante avec les grandes fougères, les pins suspendus au-milieu des rochers que la  photo peine à retranscrire la beauté des lieux. Il faudrait être peintre, le numérique donne trop de détails.
vallée du CassepotRocher Cassepot (2)
Là, on peut s'arrêter un moment et écouter le riche concert des chants d'oiseaux au-milieu des branchages bruissants. Mais nous sommes dimanche et le silence ne dure jamais longtemps.  Les fougères http://fr.wikipedia.org/wiki/Fougère_aigle commencent à roussir et on devine que leurs dentelles sont craquantes. (Bon à savoir sur la fougère: ses spores sont cancérigènes.)
Pas de photo au point de vue du Rocher Cassepot, trop de bruit, Séraphin Lampion est venu se reposer ici en famille. Et une cohorte de vététistes déboulent sur leurs engins et s'attaquent sans réfléchir au sentier d’où je viens et qui n’est pas fait pour ça.  On est dimanche, la forêt de Fontainebleau est une forêt péri-urbaine où toutes les strates de la société se croisent et qui peut intéresser les sociologues comme l’expliquait la biologiste dans ce billet. Et puis, ce n'est pas nouveau: « Des esprits chagrins, nostalgiques  pionniers
d'une forêt qui n'était alors qu'à eux, s'emportèrent contre les hordes en liesse, moins désireuses  de regarder la nature que d'attirer  I'attention  par leurs cris, leurs plaisanteries épaisses,  leurs chants  ineptes et discordants » (vers 1850, cité par Anne Valleys dans la Forêt des passions, p.210)
Rocher Cassepot_Mares Froideausol d'aiguilles (1)sol d'aiguilles (2)Pins maritimes Cassepot (Copier)
Les mares Froideau. Déjà vues dans ce billet où je faisais le trajet en sens inverse. Tapis d'aiguilles. Elles s'amassent sur le sol comme un jeu de mikado géant, le rendant glissant, s'entassent dans les creux de rocher.Tiens, je suis nul en arbre et si je me servais des clés de la forêt mises à notre disposition par l'ONF ? Quels sont ces arbres?
Je suis devant un arbre YES !
Je suis devant un arbre à aiguilles YES !
Aiguilles attachées par 2 sur le rameau YES !
C'est là où ce n'est pas facile: longues de 9 à 15 cm ou longues de plus de 15 cm ?
IMG_0167IMG_0169IMG_0172
Bon, je fais court, d'après le fruit, il s'agit de pins maritimes.
D'après certains experts scientifiques, cet amas d'aiguille de pins acidifie le sol et empêche d'autres espèces de germer et de se développer.
En redescendant ce chemin de racines et de pierre, je me retourne vers cette butte érigée de rochers. Entre les arbres, un avion passe et paraît curieusement proche. Dans l'annexe 33 (p.196) du rapport «Vers un parc national », le survol aérien est l'un des arguments du collège des naturalistes et des scientifiques pour la création d'un parc national : « ...l'impact sur la biodiversité de l'aviation commerciale est préoccupant: par vent d'est en direction d'Orly, on relève un bruit important d'aéronefs survolant le massif et générant une pollution sonore importante.»
15h51 Carrefour de la Béhourdière.
Auberge de la croix d'Augas. Cela paraît difficile à croire mais nous sommes ici sur le point le plus haut de la forêt de Fontainebleau, 144 mètres d’altitude. On aperçoit la tour de guet entre les arbres.

 Auberge Croix d'AugasCroix d'Augas (2)
Sous l'auberge, un sentier et  le médaillon Merwart. Paul Merwart reste là, immobile, à écouter les conversations nourries des convives de l'auberge d'Augas. Sous le médaillon, la caverne d’Augas, comblée en  1973 depuis les travaux d'aménagement du carrefour, car elle s'affaissait. Aujourd'hui, on ne distingue qu'une mince fente entre le sable et la roche. Une page sur ce médaillon.

Médaillon Paul Merwaartplaque Paul Merwart
Croix d'Augas. La route qui descend sur Fontainebleau. La rampe de la Croix d’Augas fut pavée vers 1640 sur la route de Fontainebleau à Melun. Car c’est par ce chemin que les rois de France venaient à leur rendez-vous de chasse.
Le Mont Ussy. C'est la première fois que je viens dans cette zone. Mais le blog y est déjà allé: http://falrc2.blogspot.com/2010/01/copie-de-il-neige-sur-le-mont-ussy.html
http://falrc2.blogspot.com/2011/01/mont-ussy-2011.html
Très calme et très silencieuse au-début. Toile d'araignée à droite du chemin. Nous sommes au-dessus de Fontainebleau, les toits de la ville apparaissent. Pénétrante odeur de pins.
Indications Mont UssyToile d'araignée
Fbleau mystérieux Circuit UssyMont Ussy (2)
Je croise : jeunes vététistes, famille qui parlent allemand, trois femmes endormies, un couple.
Tout en bas, des camping-car.  J’emprunte la route du Mont-Ussy, belle et majestueuse allée, et j’arrive à l’entrée de la cité impériale à 16H47.  La Chapelle du Bon-secours, classé monument historique de Fontainebleau accueille les visiteurs. Une pancarte sur la grille nous informe du mauvais état  du monument. Nous sommes le premier dimanche d'octobre: c'est un hasard mais je lirai plus tard dans l'histoire de la forêt écrite en 1873 par Paul Domet, que le clergé de la paroisse vient ici en procession ce jour-là.
Son origine: un gentilhomme, en 1661, aurait eu la vie sauve en invoquant la Sainte-Vierge alors qu'il était en danger de mort car traîné par son cheval. Pour en savoir plus: un billet d'histoire.
ND du BonSecours (1)ND du BonSecours (2)

16H59  Au bout de la rue Lenôtre, j'ai le temps de jeter un œil sur les jardins ouvriers. Curieusement, cet endroit est peu répertorié, et pourtant cet ensemble de jardins avec cabanes en lisière de la grande forêt respire le calme d'un petit paradis. Nous sommes ici dans le canton bellifontain de la vallée de la Chambre. Ces jardins potagers seraient une concession de l’ONF, ils occupent l’ancien “pré aux vaches” du garde-forestier des Huit-routes, cernés par le chemin de bornage (source: Yvonne Jestaz).
bananier de Fontainebleau (Copier) (3)Jardins populaires de Fontainebleau
17H07 Je photographie ces beaux jardins. Une dame me dit : là-bas, c'est chez moi... les grandes feuilles, ce sont des feuilles de bananier, et ça donne des fleurs. Voilà, j'aurai vu un bananier, presque en forêt...
Puis c’est le retour à travers Fontainebleau. Je prends la rue du Sergent-Perrier où l'ancienne prison dresse sa silhouette sinistre; elle est aussi répertoriée parmi les monuments historiques. Traversée du parc. Train de 18h31.

mardi 4 octobre 2011

Journées du Patrimoine: visite de la station de biologie végétale et d'écologie forestière de Fontainebleau



Patrimoine.


Par David.
Dimanche 18 septembre, dans le cadre des journées du Patrimoine, je me suis rendu à la Station dÉcologie Forestière de l’Université Paris Diderot - Paris7. Voilà bien longtemps que je me demandais quelles étranges expériences pouvaient se dérouler derrière les murs de ce vénérable bâtiment dont la présence étonne un peu à la lisière de la forêt profonde, le long de la route qui mène à la Tour Denecourt. Nous apprendrons que c’est un peu d’architecture parisienne qui s’est transportée à Avon.
A l’intérieur d’un foyer, les planches explicatives permettent de patienter en attendant le départ des groupes.
A l’extérieur, sur un muret, des plantes grasses, des plantes carnivores, certaines saisies par les douanes, interdites sur le territoire français et qui ont été confiées au laboratoire de biologie végétale.
Pour compléter la visite, vous pouvez consulter le site de la Station de biologie végétale, assez complet qui ne remplace pas une vraie visite mais montre finalement plus de choses.
Enfin, le matin, j’avais profité de ces journées du patrimoine pourvisiter et photographier le Château du Pré, à Chartrettes, le plus ancien château du village. Là aussi, un tulipier de Virginie, un séquoia, des arbres remarquables, des zones de fauches tardives (sans doute involontaires) et l’occasion rare d’avoir une vue sur un territoire dont la superficie représente au moins un quart du village. 

Visite du parc de la station d'écologie forestière de Fontainebleau

L'album photo de la visite est disponible en cliquant sur ce lien: Laboratoire de biologie végétale (album Picasa).
Patrimoine et science.
Dimanche 18 septembre, dans le cadre des journées du Patrimoine, je me rends à la station d'écologie végétale de Fontainebleau-Avon. Voici le compte-rendu de la visite du parc :
Il est 14h39, et le biologiste, c’est ainsi que nous l’appellerons, un monsieur châtain et dégingandé à lunettes, entraîne à sa suite une quinzaine de personnes, un public familial et attentif. Il nous présente tout d’abord un noyer d’Amérique : «La noix est comestible mais c'est extrêmement difficile à manger, vous aurez beaucoup de difficultés car elle est imbriquée avec la coque. Elle va noircir en vieillissant.
Le noyer Amérique, juglans migra , juglans, ça vient de Jovis glans, gland, le gland de Jupiter, un arbre qui a été importé en Europe très tôt, dès le début du 17è parce qu'il fournit un assez bon bois, Il fait un très bon porte-greffe pour les noyers usuels, les juglans regia, le noyer royal.
Quand j'étais petit, on me disait qu'il ne faut jamais aller sous l'ombre des noyers, c'est mauvais. Je croyais que c'étaient des légendes, des croyances populaires , mais pas du tout, enfin, c'est surtout vrai pour les végétaux, parce que les noyers ont la particularité de sécréter une substance, la juglandine, sur les feuilles et les tiges, qui avec la pluie coule sur le sol, et cette juglandine a la propriété d'inhiber la pousse des plantes . Donc, si vous avez un noyer, ne mettez pas des feuilles au compost, sinon, vous aurez un compost peu efficace. »
14h43 Le Catalpa commun.
Les feuilles sont par trois, et les fruits sont complètement différents, parce que ça fait des espèces de boules très longues...


Catalpa bignonioides, bignone, c'est les trompettes . Il fait des fruits blancs, alors que le polonia fait des fleurs mauves mais avant l'été. Un très bel arbre d'ornement, issu d'Amérique du sud-est.
Par-contre, il ne supporte pas du tout la taille, si vous le taillez, vous aurez des ennuis.
14h49 un énorme buis . Le buis est un bois très dur avec lequel on fabrique les boules de billard.
«C'est un peu collant. Vu sa taille, il est très âgé, le parc a été fondé en 1889, je ne sais pas s'il était déjà là.
Les forestiers ont une astuce pour déterminer grosso modo l'âge des arbres: on prend le diamètre à hauteur de poitrine, en centimètres, on le divise par 2,5 et à 2% près, on a l'âge de l'arbre. Ça doit bien marcher pour les arbres en forêt, les chênes, les hêtres mais pour le buis, je ne sais pas.»
14h52 Pins.
«Des pins , il y en a en Asie, en Europe, en Amérique...Il y a une règle (avec des exceptions) : les pins d'Europe, les aiguilles sont par deux, les pins d'Asie, les aiguilles sont par cinq, et les pins d'Amérique, les aiguilles sont par trois. Ici, on a bien un pin d'Asie, et celui-là, c'est le pin de l'Himalaya, qui est caractérisé par ses aiguilles très fines et très longues. Il est très décoratif, avec sa couleur vert bleuté.
Pin de l'Himalaya

On ne sait pas pourquoi il a des aiguilles aussi longues, on suppose que c'est à cause d’une adaptation à la neige,: la longueur et la finesse des aiguilles lui permet de faire tomber la neige plus rapidement, et lui évite d'avoir trop de poids sur les branches, ce qui pourrait les casser. Le nom latin: Pinus wallichiana. Il monte jusqu'à 50 mètres. »
14h58 Sapin ou épicéa ?
«On a le choix entre sapin et épicéa, il faut regarder les cônes. Les épicéens ont les cônes pendants, et les sapins ont les cônes dressés. Là, il pend.
Il y a une autre façon de reconnaître, quand on tire sur les aiguilles de l’épicéa, ça arrache une petite partie alors que dans le sapin, il y a un tout petit pédoncule, ça fait des incisions nettes et propres.
Tandis que là on déchire un peu l'écorce, c'est pas net, ça confirme que c'est un épicéa.
Picéa orientalis, il vient de l'est du bassin méditerranéen, Turquie et Caucase.
Si le douglas pousse très rapidement, celui-là pousse très lentement, c'est pour ça qu'on n'en voit pas dans les forêt, ce n'est pas intéressant pour les forestiers. Dans notre parc, il doit avoir à peu près un siècle. »
15H04 Lierre : ce n’est pas un parasite, en grimpant, il va lui masquer la lumière, il alourdit l'arbre et il le rend plus vulnérable au coup de vent.
Puis nous arrivons devant les deux grands arbres qui gardent l’entrée du laboratoire:
Voici un if, celui-ci , c'est l'if d'Irlande, on voit les fruits, donc c'est un pied femelle, rouge caractéristique, et le fruit, la graine est dans une espèce de petite coupelle rouge, et c'est le seul élément comestible de l'if, car l'if est extrêmement toxique, aussi bien pour l'homme que pour les animaux. C'est la raison pour laquelle on le voit rarement en forêt, car il a été assez systématiquement éradiqué. Méfiez-vous de l'if ! Il n'y en a plus beaucoup en France, mais il y en a encore beaucoup en Angleterre, ça pousse tout seul, et surtout les fameux archers anglais avaient leurs arcs fabriqués en if, au 15è siècle.
Deux ifs en sentinelles

lundi 3 octobre 2011

Visite des laboratoires de la station d'écologie de Fontainebleau


Patrimoine et science.
Dimanche 18 septembre, dans le cadre des journées du Patrimoine, je me suis rendu à la Station dÉcologie Forestière de l’Université Paris Diderot - Paris7. Voici la visite des laboratoires menée par une dame qui nous donne les explications: 


15h33 Devant le bâtiment le plus ancien du campus.Nous sommes ici sur un campus décentralisé faisant partie de l'Université Diderot située en forêt de Fontainebleau, où les étudiants viennent herboriser, c'est-à-dire apprendre à faire un herbier. Tous les premières années en biologie viennent passer une journée ici pour ramasser des plantes et apprendre à les déterminer
A la fin du XIXe, un illustre botaniste, Gaston Bonnier, avait repéré ce bâtiment tout près de la gare, le train étant le seul moyen de transport à l'époque. En l'espace de deux ans - c’est exceptionnel- Gaston Bonnier a réussi à joindre les différents ministères et propriétaires des lieux pour pouvoir commencer les travaux.
De très larges ouvertures pour maximiser la lumière du jour

Ce bâtiment a été construit en deux temps, vous voyez d'abord qu’il y a une partie gauche et dix ans après, l'aile droite a été construite. Mais il a été pensé dans son ensemble dès le début, on s'aperçoit, quand il nous arrive de faire des travaux, qu'on est sur un mur de façade encore plus épais que les autres. On est de toute façon sur des murs très épais. L'architecte qui a dessiné ce bâtiment, c'est Mr. Henri-Paul Nénot, le même architecte qui a dessiné la Nouvelle Sorbonne.
Ce qu'il y a de remarquable avec ce bâtiment, c'est qu'il a de très larges ouvertures. L'idée était de maximiser la lumière naturelle pour pouvoir observer les échantillons dans les meilleures conditions possibles dans les laboratoires et aussi parce que le bâtiment n'a été electrisé que vers 1910, donc on n'avait que la lumière du jour pour s'éclairer. Vous pouvez voir sur la plaque de ce bâtiment qu'il a été inauguré par le Président de la République de l'époque, Sadi Carnot.

15h36
Dans les Labos. Odeur de neuf, de peinture fraîche.
Nous vérifions que, même sans lumière artificielle, et par une journée assombrie par le couvert nuageux, on peut travailler sans problème sur les paillasses. En plus, à l'époque, le parquet que vous voyez au-milieu n'existait pas, il y avaient uniquement des coursives sur les cotés, où il y avaient les zones de bureaux, ce qui permettait ,
  • d'avoir de la lumière dans la partie centrale de la pièce,
  • d'avoir des bureaux au-dessus, tout en pouvant surveiller les expérimentations des différents alambics et autres.
Ce bâtiment a été rénové.
La fin de la rénovation s'est terminée l'an dernier, grâce à des financements de la région et du département, donc on a pu remettre le bâtiment aux normes, il y a encore deux ans on était en 110 volts, pour faire de la recherche , ce n'était pas ce qu'il avait de mieux, on a changé les paillasses de béton carrelé avec des joints partout par des choses plus faciles à entretenir.
cliquer pour agrandir

Ici, ces zones de laboratoires sont vides car on va pouvoir accueillir des chercheurs travaillant sur la forêt de Fontainebleau. Ce peuvent être des géologues, des biologistes , des botanistes, des ornithologues, mais aussi des sociologues, la forêt de Fontainebleau est très étudiée car c'est une forêt péri-urbaine avec une fréquentation très particulière, donc il y a vraiment des choses à faire. C'est un labo orienté sur le lieu d'étude qui permet à la discipline de venir sur site.
Là sont rassemblés différents appareils de recherche, ce qu'on apelle des appareils mutualisés, ça permet aux chercheurs qui viennent ici d'avoir un matériel de base.
15h40
Nous montons des escaliers en bois, et on s'entasse dans le bureau du créateur de la station Mr. Gaston Bonnier. Voir sur cette page.
Il a beaucoup travaillé pour la vulgarisation de la botanique. Par-exemple, il a étudié la flore des chemins de fer. Il a oeuvré pour que la botanique et les sciences naturelles soient étudiées dès le secondaire. Il a fait différentes expérimentations sur les plantes. Il a notamment découvert ou aidé à découvrir , à propos du lichen - cet élément végétal qui n'est pas une plante, pas un champignon- qu’il s’agit d’organismes poussant sur les rochers et les pierres et qui sont une alliance entre un champignon et une algue. A l'époque, ce n'était pas du tout évident.
Il a été aussi l'auteur de différentes Flores, la Grande Flore illustrée que vous voyez ici, avec des planches en couleurs, exceptionnelles pour l'époque, avec un système de clés qui permet de déterminer les plantes grâce à différents critères. Par-exemple, vous allez prendre une fleur, vous dites : si elle a trois pétales, rendez-vous à telle page, si elle a cinq pétales, on va à telle autre page...et comme ça , grâce aux différents critères, les fruits, la couleur, on arrive à en déduire le nom de la plante. C'est très intéressant quand on ne sait pas du tout à quoi on a affaire.
L'important, c'est de savoir se servir de ces clés. Dans la réalité, ce n'est pas du tout évident, parce que savoir si la feuille est un petit peu pointue, mais pas vraiment, avec des écailles ou pas ...Et il y a toujours le problème de “ l'individu”, qui est un peu difforme, qui peut nous orienter vers un mauvais nom. Mais c'est le système qui est toujours utilisé. ça existe pour les plantes, ça existe pour les insectes, c'est comme ça qu'on peut les déterminer.
Vous avez ici le bureau de Mr Bonnier, légué par sa femme. Il avait ses appartements ici, même s'il ne restait pas là toute l'année. Il travaillait aussi beaucoup à la Sorbonne.
15H48.Retour à l'extérieur; la dame passe en revue le parc et les autres bâtiments.
On est en fauche tardive. Explications sur les différentes zones de fauche:
Mise en place d'une gestion différenciée
4 modes de gestion : 
Les zones refuges ne subissent aucune tonte ni fauche.
Des fauches tardives sont appliquées sur certaines zones pour créer des milieux riches en biodiversité.
Des espèces rares nécessitent parfois des fauches spécifiques.
Les zones destinées à l'accueil du public requièrent des tontes régulières.
ZONES EN FAUCHES TARDIVES
Comment ?   Les zones sont fauchées après le 15 septembre avec exportation des produits de coupe. 
Pourquoi ?    Cela augmente le nombre d'espèces animales et végétales qui peuvent se reproduire (papillons, oiseaux, coléoptères).
L'exportation appauvrit le milieu recréant des prairies peu fréquentes et favorise les plantes annuelles rares. 
Plus d'animaux sont épargnés en privilégiant la fauche à la tonte et en diminuant les passages. 
Cela implique aussi une baisse des consommations d'essence, des rejets de CO2 et des pollutions sonores. 
ZONES EN FAUCHE SPÉCIFIQUE
Comment ?  La zone est fauchée régulièrement jusqu'au 1er août puis à partir du milieu de l'automne.
Pourquoi ?  La spiranthe d'automne apprécie les prairies peu denses , les tontes régulières permettent de limiter la concurrence. 
Ensuite, il faut laisser les hampes florales se développer. La tonte suivante ne s'effectuera qu'après la dissémination des graines.  
Depuis qu'ils ont mis en place ce système, on note la présence de nombreux orthoptères, des sauterelles, des grillons sont présents, alors qu'avant, il n'y en avait quasiment pas. Si vous venez ici l'été, on entend que ça chante à peu près du milieu de la rue, et comme la forêt de Fontainebleau n'a pas beaucoup de prairies assez hautes, ici, c'est donc une sorte d' îlot pour ces insectes.
Pour les allées, on n'utilise pas de pesticides, pour des raisons écologiques et de recherche. Plus loin, en effet, il y a des parcelles expérimentales où des pesticides ont été testés, et on ne veut pas polluer les résultats.
Sur une parcelle spécifique, on a une plante qui est protégée en région Ile-de-France, une petite orchidée, la spiranthe d'automne qui fleurit à la fin de l'été, ....
La dame cherche l'orchidée au-milieu des herbes, le spécimen protégé est tout petit. Elle fait des petites fleurs blanches en spirales. 
On ne la trouve qu'en deux endroits, ici et sur l'aqueduc de la Vanne. On a une gestion particulière pour cette plante, il faut faucher régulièrement, car elle n'aime pas la concurrence. Ses feuilles sont vraiment à la base, donc pour recevoir la lumière, elle a besoin d'une prairie assez compacte mais il faut arrêter de faucher début août car la hampe florale commence à sortir. Si jamais on la coupe, la plante ne meure pas mais elle ne peut pas se reproduire. Cette année, ce fut un peu compliqué parce que début août, il a pas mal plu.
On peut refaucher à partir du moment où la hampe florale a séché.
Derrière, on a les parcelles expérimentales, des tilleuls en pépinière sur lesquels on a testé des infusions pour lutter contre les acariens en ville, une expérience qui a tourné court car les matières actives ont été retirées de la vente.
D'autres expérimentations pour les étudiants, on a fait six quadra, deux quadra qu'on retourne et d'autres pas du tout. C'est pour montrer aux étudiants la succession végétale.
  • Sur les quadra retournées tous les ans, on va avoir les plantes pionnières, qui ont besoin de beaucoup de soleil, qui n'aiment pas trop la concurrence
  • Dans les parties tondues, on a des plantes qui ont des cycles de vie assez court, en deux, trois ans on a déjà l'apparition de ligneux. Ces expériences ont le mérite de montrer que chaque plante a besoin d'un milieu particulier.
15H55
On a créé une mare . Une mare qui permet d'expliquer les différentes techniques d'adaptation des plantes à l'eau comme des feuilles qui sont cirées à la manière de celles des nénuphars.

et à coté, une mare typique de la forêt de Fontainebleau, une mare qui va s'assécher l'été. Du moins quand on a des étés sans eau, et là, cet été 2011, elle ne s'est pas asséchée... Il y a des organismes qui sont adaptés à cet assèchement, par-exemple des crustacés qui vont pondre dans le substrat et dont les œufs vont être capable d'attendre des conditions plus favorables. Mais ce sont des animaux qui ne peuvent pas se développer autrement qu'avec ce système d'assèchement qui élimine leur concurrence, par-exemple les poissons qui vont manger les œufs ou les grenouilles obligées d'aller ailleurs.
16h00 On s'arrête devant le dernier Bâtiment de la station.

Construit en 1914.  Derrière les vitres, (là aussi luminosité maximale) est mise en place une expérimentation pour des étudiants qui viennent mardi prochain.
C'est un système appelé appareil de berlèse. Il a été inventé pour déterminer la faune présente dans le sol. En effet, il y a des animaux qu'on voit assez bien, mais il y a tout un cortège de petits animaux, des petits acariens, qu'on appelle des .....(petits animaux blancs qui sautent très haut)

C’est un moyen pour trouver et quantifier ces petits animaux de la façon la plus exhaustive possible . On prend des feuilles mortes, on les met dans la partie grise, il y a une grille au fond, un entonnoir, et, en-dessous, un récipient avec de l'alcool pour conserver les animaux. Au-dessus, on a une lampe. Les animaux qui vivent dans les feuilles mortes aiment bien l'humidité et l'obscurité. Les petits animaux vont fuir la chaleur et la lumière, vont glisser dans l'entonnoir et vont finir par être pris dans l'alcool...Ainsi, on peut déterminer les différentes espèces qu'on peut trouver dans ce sol, et la quantité. Cet appareil permet d'illustrer tous les systèmes de chaîne alimentaire, de dégradation de la matière organique et de voir qui participe à cette chaîne alimentaire.
Il faut bien que les feuilles soient dégradées, sinon, au fur et à mesure des automnes, nous serions submergées par les feuilles mortes.

Pour avoir quelque chose de quantitatif, on récolte un mètre carré, on prend d'abord toutes les feuilles qui sont tombées l'automne dernier, qui sont mortes mais encore entières, et puis en-dessous, il y a les feuilles fragmentées, on en récolte aussi un mètre carré parce qu'on suppose qu'il n'y a a pas les mêmes insectes, donc la couche inférieure et la couche supérieure.
D'habitude, on fait aussi l'humus, mais en forêt de Fontainebleau, c'est du sable, et le sable glisse dans l’entonnoir, donc, on évite.
Pour finir, elle nous parle de l'hébergement qui va être créé et situé sur cette partie de la station :
On est parti sur un hébergement écologique, en double structure bois, pour respecter l'histoire du site, des modules de chambre pouvant accueillir une à trois personnes, ce qui nous permet d'accueillir des chercheurs en séminaires qui seront à l'aise à une ou deux personnes par chambre , mais aussi des étudiants (en les tassant un peu plus),par- exemple pour des semaines d'intégration mais aussi pour faire de l'ornithologie où il faut être à 5 h du matin sur le terrain.