vendredi 15 juin 2012

La forêt de Fontainebleau, ce n'est pas sorcier...


Dimanche 10 juin 2012, l'émission de Fred et Jamy  traitait du rôle des forêts en France. Ils sont venus à Fontainebleau. Un court aperçu de la forêt à un moment donné, clair et pédagogique, avec les aller-retours entre le terrain et les explications théoriques, avec shémas à l'appui. Et, en prime, quelques belles vues aériennes. 
La forêt a été filmée en automne. Nous voyons Fred avec deux membres de l'ONF, Claude Lagarde et Sylvain Ducroux, tutoiement de rigueur. En essayant de mettre un nom sur les lieux, on reconnaît (sauf erreur) la route de la Gorge aux Néfliers à la sortie de Barbizon, le chêne Sully, et le surplomb des les gorges d'Apremont après le parking du même nom. Puis c'est une escapade sur la promenade de Samois à la rencontre de l'érable et de l'acacia. La partie sur la manière dont le bois est exploité est très intéressante et n'élude pas le devenir du beau chêne en tonneau de vin...
- A quoi servent nos forêts -partie 1  
L'équipe de C pas sorcier:
présenté par Frédéric Courant et Jamy Gourmaud
Rédacteurs en chef: Frédéric Courant- Bruno Bucher
Chef d'édition: Emmanuel Pernoud
Journaliste: Perrine Dutreil
Documentaliste: Laurence Lebon
Voix : Valérie Guerlain


PRÉSENTATION
La forêt en France couvre presque 30% du territoire et se porte plutôt bien.
Mais leur bois est de plus en plus exploité. Entre loisir, écologie et économie, comment concilier les différents usages de nos forêts ?
Jamy s'est installé dans la maison de l'écotourisme à Franchard au pied des grands chênes.
Aujourd'hui, nous allons découvrir une des rares forêts naturelles de France. Une réserve intégrale où depuis 200 ans on a laissé les arbres se livrer à une féroce compétition. Mais la-plupart de nos forêts sont aménagées, nous suivrons le travail des forestiers qui cherchent chaque parcelle pour obtenir les plus beaux arbres. Et nous verrons que le bois est une matière première très recherchée: en France, les forestiers n'arrivent pas à satisfaire toute la demande. 
A la campagne ou aux portes des villes, les forêts françaises sont devenues des espaces de loisirs de plus en plus fréquentés . Mais le promeneur du dimanche ignore bien souvent les multiples fonctions de ces grands espaces. Les forêt ont d'abord un rôle écologique: elles sont les principaux réservoirs de biodiversité. En absorbant des tonnes de carbone, elles contribuent à la lutte contre l'effet de serre. Mais les forêts sont de plus en plus exploitées, car le bois est recherché, et les forêts et ceux qui la gère se retrouvent de plus en plus soumis à la pression de la rentabilité. 
FRED (au-dessus des gorges d'Apremont)
 La forêt de Fontainebleau: pendant 8 siècles, elle a fait partie du domaine royal, et était principalement réservée aux chasses des rois de France et de leur cour. Tout ça pour eux ! Mais avec la Révolution française, elle est devenue la propriété de l'état. Alors aujourd'hui, elle est gérée par l'ONF, et elle est ouverte à tout le monde, et, chaque année,  des millions de visiteurs parcourent ses sentiers à pied, à cheval , à vélo...
JAMY : 
Sur la carte de France, nous voyons que c'est la deuxième plus grande forêt de France après celle d'Orléans. Elle  est domaniale et n'appartient qu'à un seul propriétaire: l'état français. En France, les trois-quart des forêt appartiennent à des propriétaires privés et un quart à l'État français, c'est ce qu'on appelle le domaine national.
FRED ET CLAUDE LAGARDE, responsable de la biodiversité à l'ONF.
carrefour en étoiles


Ces routes ont été tracées sous Henri IV qui était un grand veneur. Il venait chasser plus de cent jours par an à Fontainebleau. Les carrefours en étoiles sont tout à fait caractéristiques des forêts qui sont chassées à courre, cela permettait à la chasse et aux suiveurs de voir où passait le gibier de pouvoir rejoindre la chasse à n'importe quel moment. 
Les droits d'usage: les gens qui habitaient en périphérie de la forêt avaient un droit d'usage, certains venaient faire du bois de chauffage, du charbon de bois, d'autres amenaient leurs troupeaux en forêt, des vaches, des moutons, des porcs qui mangeaient les glands, puisqu'il y avaient des chênes un peu partout.
Sur le chêne Sully. Un des plus vieux chênes de la forêt. L'homme est responsable de la présence du chêne en forêt de Fontainebleau, car ce bois était très utilisé pour la charpente  des navires, et apprécié pour sa résistance aux champignons. Mais il y a aussi un oiseau, le geai des chênes, qui a amené des glands,qui les a enterrés, et ils ont fini par germer.
source


Depuis 200 ans la forêt est gérée d'une façon plus rationnelle. La ressource en bois doit être durable dans le temps, donc il faut s'inquiéter du vieillissement des peuplements et savoir gérer. On pérennise un état boisé en s'appuyant sur ce qui existait auparavant. 


 Et JAMY s'emploie à lutter contre les idées reçues sur la forêt française:
Ses arbres sont jeunes: 150 ans en moyenne.
Sa superficie ne diminue pas. Il n'y a jamais eu autant d'arbres qu'aujourd'hui , pas même à l'époque des Gaulois. Au Moyen-âge, dès que la population déclinait, la forêt reprenait ses droits sur les cultures. On avait besoin de reconquérir des terres agricoles et s'approvisionner en bois de chauffage et en bois de construction. Un nouveau combustible, la houille et l'élaboration d'un nouveau code forestier plus strict vont permettre à la forêt de reprendre du terrain. 
La France possède la troisième surface forestière européenne, derrière la Suède et la Finlande. 
 FRED ET CLAUDE LAGARDE, au bord de la Seine, à vélo, en automne, sur la Promenade de Samois.
Ici, la forêt a les pieds dans l'eau. Ce que ça change pour les essences, on trouve des peupliers, des hêtres, des érables sycomores (qui sert à faire des violons pour sa qualité de résonnance).
L' acacia, avec ses petites folioles, est un bois qui pousse très très lentement. Aujourd'hui on est dans un mouvement d'exploitation de ce bois en substitution du teck.


JAMY annonce que la forêt métropolitaine héberge 138 essences et compare les deux grandes catégories: feuillus et résineux.
feuillus et résineux en France


L'Évapotranspiration, c'est ce qui les distingue : les résineux transpirent moins que les feuillus. L'hiver, les sols sont gelés plusieurs semaines de suite et les racines ne peuvent plus capter d'eau. Pour faire face à cette situation, les arbres doivent impérativement réduire cette évapotranspiration. 
Deux stratégies différentes: les feuillus perdent toutes leurs feuilles toutes en même temps, d'un seul coup. Les résineux perdent leurs aiguilles tout au long de l'année, ils ne sont jamais dénudés. Les aiguilles sont enveloppées d'une petite couche de cire qui réduit cette évapotranspiration. Au printemps, les arbres ont besoin d'énergie. Les feuillus doivent produire des feuilles. Les résineux n'ont pas besoin de fournir cet effort. Ils gagnent du temps.


Dans une réserve de la forêt, Fred demande à Claude Lagarde combien de temps les arbres tombés mettent à se dégrader: pour retourner en poussière, il faut environ 30 % (en temps) de l'âge de l'arbre quand il était debout. Si celui-ci avait 120/150 ans il va mettre entre 40 et 50 ans à retomber complètement en poussière, il n'en restera plus aucune trace. 
Un arbre mort sert de casse-croûte à plein de petites bestioles, des champignons, des cavités, ce sont des larves , des insectes ont pondu là-dessus. On voit des trous creusés par des pics qui viennent chercher leur nourriture là-dedans. 
Mais pourquoi ne voit-on que des hêtres dans ces réserves ?  Parce que le chêne est complètement intolérant à l'ombre dans son jeune âge. Donc le hêtre continue de pousser mais le chêne va péricliter. 
Et Jamy d'expliquer: 
Il y a une concurrence entre les arbres. Chaque essence a sa propre stratégie pour occuper le terrain. Sur une surface nue, coupée à blanc ou ravagée par un incendie, les bouleaux et les pins sont les premiers à repousser. Leurs graines sont très légères, elles vont être facilement transportées jusque sur la surface...on parle d'ailleurs d'espèce pionnières.
À l'intérieur de la forêt, où la végétation est plus dense, c'est une autre histoire. Les essences doivent être patientes et attendre la lumière. Leurs graines sont prévues à cet effet: elles sont plus grosses, elles disposent d'une plus grande réserve énergétique , ce qui leur permet de germer plus tardivement. Une fois sortis de terre, certains arbres s'accomodent très bien de l'ombre, et peuvent végéter pendant des années sous leur aînés. C'est le cas du hêtre qui démarre au quart de tour dès qu'un des ses voisins disparaît, c'est son feuillage très dense qui lui procure cette vitalité mais qui du même coup prive les autres arbres de lumière. 
Le chêne: il a beau avoir cette réputation de robustesse , et être le symbole de la puissance,  c'est probablement un de ceux qui est le moins bien armé en forêt pour se faire sa place au soleil. Il a besoin de lumière et il pousse très lentement. Sans l'intervention de l'homme pour dégager son environnement, il aurait beaucoup de mal à se développer en forêt. 
On le vérifie sur le terrain avec Sylvain Ducroux, responsable ONF,  sur une parcelle exploitée,  un peuplement d'une quinzaine d'années, par régénération naturelle: les adultes ont été récoltés et on retrouve la nouvelle génération qui s'est mise en place. On va fausser la libre concurrence entre ces différents arbres pour donner un coup de pouce au chêne. On maintient le gainage qui oblige le chêne à aller chercher la lumière vers le haut. Un chêne isolé va avoir tendance à s'étaler, on cherche à avoir des vrais arbres forestiers avec des troncs élancés et droits, qui constituera la majeure partie de la valeur de l'arbre. 
Régulièrement, les agents de l'ONF inspectent les parcelles pour sélectionner les beaux arbres et éliminer ceux qui pourraient gêner leur croissance. 


JAMY:  la première qualité d'un exploitant forestier, c'est de ne pas être pressé.  
Au départ, il y a 60 000 chênes par hectare. Ils côtoient plusieurs autres arbres d'autres essences. Au fil du temps, on va leur faire de la place , en ne laissant sur pied que les plus robustes. Cette phase s'étale sur une cinquantaine d'années, les arbres font vingt mètres de haut et 15 à 20 cm de diamètre. Il n'en reste plus que 2000 par hectare. L'exploitant réalise alors une coupe d'éclaircie. Cette opération est renouvelée tous les 10 ans. Elle consiste à repérer les meilleurs arbres ceux que l'on dit d'avenir qui ont un tronc bien droit et dépourvu de noeud.  Au bout de 160 ans les arbres sont assez vieux pour tous être coupés. Il n'en reste plus qu'une centaine par hectare. On ne va pas tous les couper en même temps. On va profiter de leur ombre pour faire démarrer la génération suivante. Pendant une dizaine d'années, de jeunes arbres vont cohabiter avec leurs parents. Il n'en reste plus qu'une trentaine par hectare. Puis tous les vieux arbres sont coupés. En moins de 200 ans on est passé de 60 000 chênes à une trentaine par hectare. 
LE MARCHÉ DU BOIS
Les derniers arbres arrivés à maturité sont vendus sur pied. Les chênes de Fontainebleau sont très recherchés par les fabricants de tonneaux, destinés à la viticulture. Avant de faire une offre, l'acheteur vient inspecter la parcelle et sonde certains troncs pour estimer la qualité du bois. 
Un moustachu taiseux perce un tronc à la perceuse et Fred lui demande: vous le sondez jusqu'au coeur et, ces copeaux, que vous disent-ils ? 
Réponse: ça nous donne la couleur, le grain (l'accroissement des cernes: il faut que les stries soient très serrées, signe d'une croissance lente), si il y a un défaut , exemple s'il est rouge ( ce qui signifie qu'il est altéré).
Les acheteurs potentiels mettent leur marque sur l'arbre et celui qui fait l'offre la plus haute emporte la coupe de l'arbre. Prix: de 100 à 400 euros du mètre cube pour certaines parcelles.

Nous voyons un chêne tomber, en commençant par le houppier, la partie supérieure de l'arbre.  
A partir de ce chêne, on fabriquera au mieux trois à quatre tonneaux. Il est envoyé dans une merranderie, une usine qui produit les précieuses lamelles recherchées par les tonneliers. Les billons sont fendus en quartiers, en respectant le fil du bois puis découpés au milimètre près grâce à un guidage laser. Les exigences de qualité sont telles que au final seuls 30 % du tronc finira en tonneau. Et comme sa durée de vie n'excède pas trois ans, la tonnellerie est un marché fructueux pour les chênes de Fontainebleau. 


L'avantage du bois comme combustible: son bilan carbone est neutre. En brûlant, il émet du CO2 que d'autres arbres vont capter pour se développer. Le bois est conditionné sous forme de granules, ce qui facilite son stockage et son utilisation. 
22 millions de mètres cube: du bois d'oeuvre, mobilier, charpente, du bois d'industrie 12 millions de tonnes est utilisé pour faire de la pâte à papier
Nos aïeux ont planté du chêne pour la marine et aujourd'hui on en fait des tonneaux. Et aujour'hui on ignore tout des usages de demain. 

dimanche 10 juin 2012

Trois châteaux dans l'Yonne


Maulnes, Tanlay et Ancy-le-Franc, voilà trois noms de châteaux, époque Renaissance, qui vont s'ajouter à nos trois châteaux à nous, dans le 77.  L'allure était libre, 1200 randonneurs ont participé à cette randonnée le 3 juin  qui sera reconduite en 2013 où l'on verra une fois de plus: des forêts bourguignonnes profondes et interminables, des chemins transformés en rivières, des ravitaillements bien garnis tenus par d'aimables bénévoles . Et une rencontre avec un féroce sanglier ! Leur site explique tout: Randonnée dans l'YonneUne sélection de quelques photos.

Ancy-le-Franc, le départ.


Serlio était un architecte italien appelé par François Ier (et mort à Fontainebleau), et le château d'Ancy, réalisé pour Antoine III de Clermont, beau-frère de Diane de Poitiers, est considéré comme son chef d'oeuvre. Il présente l'originalité d'être le seul palais Renaissance de France avec une architecture à quatre ailes égales formant un carré parfait autour d'une magnifique cour.
A l'intérieur, on découvre des peintures murales remarquables, ainsi que de nombreux plafonds à caisson créés par Le Primatice et Niccolo dell Abate, les maîtres de l'école de Fontainebleau.

 Le visiteur qui parcourt les appartements, galeries, chapelle ,salle des gardes, chambre du roi, a vraiment l'impression de traverser trois siècles d'histoire.
L'épreuve



ça, c'est avant, au départ...






Le mystérieux château de Maulnes
Un château de forme pentagonale

Cet édifice dont l'existence reste relativement secrète est un exemplaire unique en Europe et peut-être dans le monde, comme l'indique sa fiche Wikipédia. Grâce au Conseil général de l'Yonne qui l'a acheté en 1997 et le restaure, associé à un programme de recherche, il retrouvera peut-être son apparence de jadis. Un peu comme pour le château de Blandy en Seine-et-Marne...Les recherches en castellologie vont donc bon train dans la région si on pense au château de Guédelon, "inventé" lui de toutes pièces.
Mais Maulne date de la Renaissance, dans les années 1566-1576. On sait que c'est le duc d'Uzès, Antoine de Crussol, qui a initié ce projet architectural qui n'a pas été mené à son terme.
Le puits central du Château de Maulnes

A quoi ressemble-t-il ? On le dit de forme pentagonale, élaboré autour d'un puits central et d'un grand escalier en spirale. C'est cette forme qui lui confère son originalité.
Et les randonneurs repartent à travers la verte et vallonnée campagne tonnerroise, pour rallier le troisième château, celui de l'arrivé, au bout de 39 km.





Juin 2012: un mois pluvieux



Arrivée à Baon


Ravitaillement à Baon
 Après l'épreuve du chemin de boue, la rencontre avec le cochon sauvage:

Château de Tanlay
En arrivant au château de Tanlay, les marcheurs de 2012 côtoient encore la période Renaissance. Ils découvrent, au milieu d'un parc,  un château entouré de douves, bâti aux 16è et 17è siècle. Il servait autrefois de lieu de rendez-vous aux chefs huguenots à l'époque des guerres de religion. Un surintendant des finances au nom évocateur de Particelli d'Hemery demande à l'architecte Le Muet de l'aider à achever le château et ses dépendances. Le Muet traça également le parc et son grand canal de 525 mètres , avec, à son extrémité, une nymphée Renaissance.
Au bout des 39 km

l'ancien rendez-vous des huguenots

Château de Tanlay
 Collector, la carte de participant, l'aurez-vous en main un jour ?