jeudi 21 octobre 2010

La chasse en Seine-et-Marne en 2010

jour de chasse

Le randonneur qui croise des chasseurs, hommes en kaki , carabine en bandoulière, ressent une certaine appréhension. Dans nos sociétés civiles, l'homme en arme incarne la  menace. Mais nous avons besoin de la chasse pour réguler certaines espèces. Nous avons rencontré certains de ces animaux au cours des randonnées.

Penchons-nous sur la chasse. D'abord, l'arrêté du Préfet, en PDF. Il fixe les dates d'ouverture et de fermeture (OUVERTURE GENERALE : 26 septembre 2010 à 9h00FERMETURE GENERALE : 28 février 2011 à 18h00), il recense les espèces, les zones de chasse. Le profane se sentira un peu perdu en parcourant ce tableau.
Ensuite, beaucoup plus long, mais instructif,  le Schéma Départemental de gestion cynégétique, qui permet de se faire une idée un peu moins caricaturale de la chasse.
Un exemplaire sur Calaméo.
Résumé rapide :

  • Les heures de chasse sont fixées entre 9h et 17h30, sauf exception. La mise en place de panneaux signalétiques est obligatoire ainsi que le port du gilet orange fluorescent pour les postés, les traqueurs, les accompagnateurs.
  • Le document recense les GIC/ groupements d'intérêt cynégétique* et les associations de chasse dans le 77.  Ça va du Club du Sanglier à l'Association de Recherche du Grand Gibier Blessé en passant par l'Association de Vènerie Sous Terre  ou l'Union Nationale pour l'Utilisation du Chien de Rouge ...toute une poésie du monde rural.
  • Il s'intéresse à la croissance démographique et à l'occupation des sols.  Dans le 77, 59% du sol est occupé par les terres agricoles, les espaces boisés représentent 24 % (soit un peu moins que la moyenne nationale) et les espaces humides 1,5 %.
  • occupation du sol 77cartographie des régions agricoles 77
  • Il s'intéresse aux infrastructures de circulation, qu'il s'agisse du réseau ferroviaire qualifié de tentaculaire, le réseau routier de dense, qui créent de véritables barrières aux déplacements des animaux et sont des points noirs en terme de collision avec la grande faune. "Le cloisonnement de l'espace par les engrillagements et les axes de communication est responsable de nombreuses collisions."
    Il souligne en particulier le manque d'aménagement type passage à faune qui permettrait aux espèces de circuler.


ESPÈCES/ Qui est chassé ?  D'abord,avant de chasser, on compte. Il faut bien savoir combien on peut en tuer...

  • Pour compter le lièvre, on comptabilise les lièvres éclairés de chaque coté du véhicule.  Ces  comptages, réalisés  chaque  année  en  sortie  d'hiver  et  sur  un circuit identique, permettent d'obtenir une donnée nommée Indice Kilométrique d'Abondance qui représente le nombre de lièvres présents avant reproduction. (En ce moment, une alerte à la mortalité du lièvre.)
  • La perdrix grise est un oiseau emblématique de  la plaine seine-et-marnaise. Cette espèce est particulièrement sensible à la qualité de son milieu de vie. D'autres paramètres peuvent entrer en compte comme la prédation (mustélidés, corvidés) ou les périodes de travaux agricoles. La  dégradation  de  son  habitat  est  la  première  cause  de  diminution  des  populations.  Les opérations  de  broyage  des  jachères  en  période  de  nidification,  de  fauchage  des  chemins  ou d'arrachage de haies et buissons lors des opérations de remembrement sont autant de facteurs néfastes au développement de l'espèce.
  • Le lapin de garenne, sujet aux épidémies.
  • Le faisan , venu d'Asie,  introduit à l'origine pour pallier aux diminutions de petit gibier de la région  vu ici fait l'objet d'attentions particulières, et devient un gibier à part entière qui offre l'avantage de "constituer rapidement des populations naturelles chassables".
  • La régulation des espèces considérées comme nuisibles qui causent des dégâts aux activités humaines et qui présentent des risques sanitaires en disséminant des virus, des bactéries, des champignons p.17 à 19.
  • classés nuisibles


LE GROS GIBIER :


  • La population de chevreuils (comme celui-là) est estimé à environ 20 000 individus. C'est la seule espèce dont on est sûr du nombre. Il est responsable d'environ 2% des dégâts indemnisés aux exploitants agricoles. Il peut causer des dégâts importants sur les productions forestières, maraichères et agricoles.
  • Très intéressant aussi , ce qui est dit sur le cerf élaphe, lui que nous connaissons surtout à cause de son pittoresque brame au fond du bois sauvage les nuits de Pleine Lune ( dans ce billet) . On apprend que son aire de répartition ne cesse de s'étendre chaque année, en raison d'individus échappés d'enclos ou de parcs. Trois massifs concernés chez nous: Fontainebleau, Villefermoy et Saint Laurent. Il doit faire l'objet d'une éradication systématique. Il représente 8 à 15 % des indemnisations, il cause d'importants dégâts d'écorçage. Il n'est pas facile à comptabiliser, car il se déplace beaucoup et va se réfugier dans des zones peu chassées (c'est un malin). Les méthodes de  recensement sont basées sur  le calcul d'un  Indice Nocturne d'Abondance ainsi que sur des comptages au brame.
  • Venons en au sanglier. Le cochon sauvage est l'animal qui fait le plus de dégâts. Le randonneur le croie volontiers, lui qui depuis plusieurs années remarque ses traces tout au long  des chemins. Il représente 90 % des dégâts indemnisés par les chasseurs !
  • Blason sanglier" Historiquement concentrés dans les zones suffisamment boisées, les sangliers semblent avoir colonisés les zones de plaines riches en bosquets et boqueteaux causant par la même occasion des problèmes de dégâts difficilement maitrisables." Et les sangliers portent aussi un bouton.


    Le schéma continue sur les actions à entreprendre, notamment favoriser la biodiversité (exemple très concret p.37 ACTION C : développer des pratiques d'entretien  favorables à l'entomofaune  les  jachères  faune  sauvage de  type classique. L'objectif est de ne pas broyer 10 à 20 % de  la parcelle afin de conserver les  larves et  les cocons des différents  insectes durant  l'hiver pour qu'ils puissent recoloniser plus  rapidement  la  parcelle  l'année  suivante.  Le  développement  de  ce  type  de  pratique permettrait  de  favoriser  toute  la  faune  inféodée  aux  insectes  à  un  stade  de  son développement. )
    Le document se termine sur les dispositions à prendre, l'éthique de la chasse...
    Les annexes concernent les recherches au sang du grand gibier blessé avec une liste de conducteurs agréés p.53, l'agrainage et ses modalités, notamment les denrées autorisées (céréales, oléagineux, maïs...) et celles qui sont interdites, c'est-à-dire ce qui n'est pas autorisé, mais le document cible les semences périmées, les résidus de silos avariés. p.55.
    Agrainage sur Wikipédia.
    L'annexe 6 concerne la charte de bon entretien des chemins, que nous reproduisons en-dessous.


    Au final, un document intéressant  qui montre que la chasse, même si elle ne semble concerner qu'une minorité de personnes, qui suscite souvent rejet et incompréhension, a son utilité.


    *Le groupement d'intérêt cynégétique - le G.I.C. - est une formule bien adaptée qui permet à plusieurs chasses, quelle que soit leur forme, privée ou associative, de s'associer pour fixer d'un commun accord des règles identiques de gestion auxquelles elles s'engagent à se conformer strictement. Propriétaires et détenteurs de droits de chasse conservent leur individualité entière. ils poursuivent librement l'exercice de la chasse sur leur territoire mais avec l'objectif de parvenir à une amélioration, obtenue par une gestion rigoureuse.
    (Sources : Le sanglier O.N.C 1988)

    charte de bon entretien des chemins

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