Randonnée solitaire.
De Bois-le-roi à Fontainebleau (cliquer pour avoir un affichage dynamique), octobre 2011, à pied, par la forêt. Par David.
Au format PDF (30 mo), les photos de la balade sur Scribd.
L'histoire météorologique retiendra que le début octobre 2011 a été estival. Quelques différences avec l'été : à 13 heures, malgré la chaleur, l'herbe est encore humide de rosée, et, sur les chemins, des tapis de glands roulent sous la semelle des chaussures. Au cours de cette randonnée, je photographierai la nature changeante des sols, l'alternance de ses couleurs .
13h50, j'arrive au Pont Victor au-dessus de la ligne SNCF, à la sortie de Bois-le-roi. Le départ réel a lieu ici.
Tout d'abord, sur la route Victor, sur cette coupe rase, à droite, un champ de phytolaques a poussé.
14h21 route du Hère, route des Écouettes, sableuse. Sur le bord du chemin, cet étrange champignon avec ses bras couvert de restes de gléba, qui dégage une odeur de pourriture: un Anthurus d’Archer, de la même famille que le satyre puant.
On sort de la “grande forêt” pour entrer dans des peuplements plus jeunes et plus bas. Toujours le sol sableux, et des trous, des espèces de cuvette au-milieu du chemin. Avec les pins, le sable et le ciel bleu clair entre les arbres, on a l'impression qu'une plage nous attend. Au pied d'un arbre, torses nus, un homme et un enfant. L'homme dort, comme écrasé de chaleur, l'enfant me regarde passer.
Dans les sentiers de Samois, qui sinuent en sous-bois. Le sol a encore changé: il est marron clair.
Je sors des sentiers samoisiens, j’ai croisé deux personnes, le sol est gris sur la route Eugénie, avec des touffes d'herbes un peu partout, beaucoup de fougères sur les cotés. Devant, la barre du rocher Cassepot, le premier dénivelé de la journée.
La montée abrupte et caillouteuse, semée de cosses de châtaignes, me fait sortir des zones plates et droites de la forêt. Au sommet, un vététiste, un caméscope à la main. Je m'engage, à gauche, sur un sentier qui se faufile entre deux rochers, dans les reliefs escarpés du rocher Cassepot. La nature est si foisonnante avec les grandes fougères, les pins suspendus au-milieu des rochers que la photo peine à retranscrire la beauté des lieux. Il faudrait être peintre, le numérique donne trop de détails.
Là, on peut s'arrêter un moment et écouter le riche concert des chants d'oiseaux au-milieu des branchages bruissants. Mais nous sommes dimanche et le silence ne dure jamais longtemps. Les fougères http://fr.wikipedia.org/wiki/Fougère_aigle commencent à roussir et on devine que leurs dentelles sont craquantes. (Bon à savoir sur la fougère: ses spores sont cancérigènes.)
Pas de photo au point de vue du Rocher Cassepot, trop de bruit, Séraphin Lampion est venu se reposer ici en famille. Et une cohorte de vététistes déboulent sur leurs engins et s'attaquent sans réfléchir au sentier d’où je viens et qui n’est pas fait pour ça. On est dimanche, la forêt de Fontainebleau est une forêt péri-urbaine où toutes les strates de la société se croisent et qui peut intéresser les sociologues comme l’expliquait la biologiste dans ce billet. Et puis, ce n'est pas nouveau: « Des esprits chagrins, nostalgiques pionniers
d'une forêt qui n'était alors qu'à eux, s'emportèrent contre les hordes en liesse, moins désireuses de regarder la nature que d'attirer I'attention par leurs cris, leurs plaisanteries épaisses, leurs chants ineptes et discordants » (vers 1850, cité par Anne Valleys dans la Forêt des passions, p.210)
Les mares Froideau. Déjà vues dans ce billet où je faisais le trajet en sens inverse. Tapis d'aiguilles. Elles s'amassent sur le sol comme un jeu de mikado géant, le rendant glissant, s'entassent dans les creux de rocher.Tiens, je suis nul en arbre et si je me servais des clés de la forêt mises à notre disposition par l'ONF ? Quels sont ces arbres?
Je suis devant un arbre YES !
Je suis devant un arbre à aiguilles YES !
Aiguilles attachées par 2 sur le rameau YES !
C'est là où ce n'est pas facile: longues de 9 à 15 cm ou longues de plus de 15 cm ?
Bon, je fais court, d'après le fruit, il s'agit de pins maritimes.
D'après certains experts scientifiques, cet amas d'aiguille de pins acidifie le sol et empêche d'autres espèces de germer et de se développer.
En redescendant ce chemin de racines et de pierre, je me retourne vers cette butte érigée de rochers. Entre les arbres, un avion passe et paraît curieusement proche. Dans l'annexe 33 (p.196) du rapport «Vers un parc national », le survol aérien est l'un des arguments du collège des naturalistes et des scientifiques pour la création d'un parc national : « ...l'impact sur la biodiversité de l'aviation commerciale est préoccupant: par vent d'est en direction d'Orly, on relève un bruit important d'aéronefs survolant le massif et générant une pollution sonore importante.»
15h51 Carrefour de la Béhourdière.
Auberge de la croix d'Augas. Cela paraît difficile à croire mais nous sommes ici sur le point le plus haut de la forêt de Fontainebleau, 144 mètres d’altitude. On aperçoit la tour de guet entre les arbres.
Sous l'auberge, un sentier et le médaillon Merwart. Paul Merwart reste là, immobile, à écouter les conversations nourries des convives de l'auberge d'Augas. Sous le médaillon, la caverne d’Augas, comblée en 1973 depuis les travaux d'aménagement du carrefour, car elle s'affaissait. Aujourd'hui, on ne distingue qu'une mince fente entre le sable et la roche. Une page sur ce médaillon.
Croix d'Augas. La route qui descend sur Fontainebleau. La rampe de la Croix d’Augas fut pavée vers 1640 sur la route de Fontainebleau à Melun. Car c’est par ce chemin que les rois de France venaient à leur rendez-vous de chasse.
Le Mont Ussy. C'est la première fois que je viens dans cette zone. Mais le blog y est déjà allé: http://falrc2.blogspot.com/2010/01/copie-de-il-neige-sur-le-mont-ussy.html
http://falrc2.blogspot.com/2011/01/mont-ussy-2011.html
Très calme et très silencieuse au-début. Toile d'araignée à droite du chemin. Nous sommes au-dessus de Fontainebleau, les toits de la ville apparaissent. Pénétrante odeur de pins.
Je croise : jeunes vététistes, famille qui parlent allemand, trois femmes endormies, un couple.
Tout en bas, des camping-car. J’emprunte la route du Mont-Ussy, belle et majestueuse allée, et j’arrive à l’entrée de la cité impériale à 16H47. La Chapelle du Bon-secours, classé monument historique de Fontainebleau accueille les visiteurs. Une pancarte sur la grille nous informe du mauvais état du monument. Nous sommes le premier dimanche d'octobre: c'est un hasard mais je lirai plus tard dans l'histoire de la forêt écrite en 1873 par Paul Domet, que le clergé de la paroisse vient ici en procession ce jour-là.
Son origine: un gentilhomme, en 1661, aurait eu la vie sauve en invoquant la Sainte-Vierge alors qu'il était en danger de mort car traîné par son cheval. Pour en savoir plus: un billet d'histoire.
16H59 Au bout de la rue Lenôtre, j'ai le temps de jeter un œil sur les jardins ouvriers. Curieusement, cet endroit est peu répertorié, et pourtant cet ensemble de jardins avec cabanes en lisière de la grande forêt respire le calme d'un petit paradis. Nous sommes ici dans le canton bellifontain de la vallée de la Chambre. Ces jardins potagers seraient une concession de l’ONF, ils occupent l’ancien “pré aux vaches” du garde-forestier des Huit-routes, cernés par le chemin de bornage (source: Yvonne Jestaz).
17H07 Je photographie ces beaux jardins. Une dame me dit : là-bas, c'est chez moi... les grandes feuilles, ce sont des feuilles de bananier, et ça donne des fleurs. Voilà, j'aurai vu un bananier, presque en forêt...
Puis c’est le retour à travers Fontainebleau. Je prends la rue du Sergent-Perrier où l'ancienne prison dresse sa silhouette sinistre; elle est aussi répertoriée parmi les monuments historiques. Traversée du parc. Train de 18h31.
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