Au programme de ce samedi 2 octobre 2010: une église perchée sur un talus,et, à l'ombre des grands bois, un cimetière abandonné aux tombes penchées ; un temple, autrefois hanté par les Templiers, qui fut progressivement abandonné aux pilleurs de pierre. Sans oublier la présence d'un chevreuil, de faisans, d’un nid de frelons, d’un énorme phytolaque et les chevaux dans les prés. Photos: Patrick Bouvier.
Le départ a lieu au pied de l’église Saint-Loup du village Le Vaudoué, déjà vue le 13 septembre dans ce billet :La grande boucle d'Achères-la-Forêt.
Direction Boissy-aux-Cailles (papier assez complet sur Wikipédia, avec de nombreuses photos)…
Sur le trajet, y’a des bestioles qui s’interposent et s’intercalent :
Les faisans, des omnivores à la recherche de larves, d'insectes, de lézards, de pousses vertes, baies, fruits et graines.
Le chevreuil agile et rapide détale sur les deux doigts porteurs de chacun de ses membres dans le parc naturel du Gâtinais français. Son espérance de vie est d’environ 15 ans mais il dépasse rarement les six ans. Surtout si le chasseur s'en mêle...Nous notons une de ses caractéristiques: l'absence de queue. Il est considéré comme un animal forestier mais on note un changement de comportement depuis quelques décennies...voir ici.
Le petit village de Boissy-aux-Cailles, niché dans un creux de forêt, apparaît au détour de la route qui le relie au Vaudoué. Les cyclistes qui empruntent cette route connaissent bien cette sensation d'être arrivé ailleurs. On se trouve ici dans une sorte de vallée, entre deux collines boisée, qui donnent l'impression que la forêt s'étend tout autour sur des kilomètres. Ce qui n'est pas le cas comme on peut l'observer sur les cartes ou images satellites. Voir aussi cette étonnante carte du relief du village.
Ce village est en quelque sorte le dernier bastion habité au cœur de la forêt avant la remontée vers les grands espaces agricoles, les immenses champs plats qui entourent La Chapelle-la-Reine , chef-lieu du canton, dans la plaine du Gâtinais. Vue aérienne de Boissy.
La commune porte le nom de Boissy-le-Repos jusqu'au XIXème siècle, le repos parce que les vignes, les bois et deux fermes importantes, dont l'une subsiste, appartenaient aux religieuses de l'abbaye de Montmartre qui venaient y faire« bonne chair et bon repos.» Le terme caille qui le remplace ne renvoie pas à l'oiseau migrateur plus petit que la perdrix mais au terme cailloux. Il s’agirait de petites boules de pierre naturellement polies que l’on trouve dans les champs.
Les randonneurs arrivent en vue de l’église Saint-Martin qui domine le village peuplé de 320 boisséens.
Elle s'élève à flanc de coteau, bâtie en hauteur sur un talus. Sa longue nef se termine par un chevet arrondi, en cul-de-four (voûte qui a la forme d'une moitié de coupole, en forme de quart de sphère et qui surmonte l'abside). Son clocher est "coiffé en bâtière", c'est-à-dire un toit en forme de bât, à deux versants, comme beaucoup de tours de la région. On y trouve cette cloche de bronze sur laquelle est inscrit ce texte:
* I'an 1733 au nom de Dieu à este nomée Louise Émilie par Illustrissime
et Révérendissime Seigneur I-1 Lancvet archevêque de Sens Primat des
Gaules et de Germanie et par Haute et Puissante Princesse Louise Emilie de
la Tour Dauvergne Abbesse de l'abbaye Royale de Dame de Montmartre Dame de Boissy sc. Mre
Pierre Ollivier curé et Louis Thion et François du Sault Marguilliers. *
Une légende locale explique la fondation de cette église. Venu ériger une église à Boissy-le-Repos, Saint-Martin se dirigeait vers les hauteurs où se trouve actuellement le hameau de Marlanval par un sentier rocheux. Parvenu aux deux tiers de ce sentier, son cheval buta si violemment sur une pierre qu'il se cassa une patte et que la trace de son sabot resta imprimée dans le grès pourtant très dur. Cette trace serait encore parfaitement visible.
Saint Martin, voyant là une manifestation de la volonté divine de ne pas lui voir bâtir son église sur les hauteurs de Marlanval, redescendit dans la plaine de Boissy pour y prendre du repos et bâtir l'église qui s'y trouve actuellement. Source: « Le patrimoine des communes de la Seine-et-Marne »,
Derrière cet édifice, les randonneurs explorent le seul cimetière attenant à une église dans ce canton. La rouille attaque le fer forgé des croix dressées qui tanguent de plus en plus, les dalles s'enfoncent peu à peu dans la terre, et la mousse recouvre les tombes du cimetière désaffecté (en 1935) de Boissy-aux-Cailles. Le cimetière officiel, lui, est au bout d'une longue allée rectiligne, dernier poste-frontière avant la forêt.
Sur la place de l’église, au 14, on trouve aussi cet escalier de pierre. Ces douze degrés de vingt centimètres de hauteur chacun desservaient un grenier à foin. Cet escalier représentatif des maisons du Gâtinais est conservé en l'état malgré la réhabilitation de la maison exécutée en 1960.
En revenant vers le Vaudoué,les randonneurs s’arrêtent dans une ruine, vieilles pierres grises au milieu de la forêt : c’est le vestige d'une ancienne commanderie de l'Ordre du Temple, devenue au XIVe siècle possession des hospitaliers de Saint-Jean puis ermitage au XVIIe siècle. Voici son histoire (tiré de l’ouvrage épuisé « Le patrimoine des communes de la Seine-et-Marne », canton de la Chapelle la Reine) :
Abandonnée par son dernier occupant en février 1790, elle devient la proie des intempéries et des pilleurs de pierres.
Jusqu'en 1973, date où le Centre de Recherche et de Documentation Médiévales et Archéologiques de Saint-Mammès décide, en accord avec le propriétaire, de la restaurer et de mener sur le site plusieurs campagnes de fouilles officielles. Ce petit édifice se compose d'une nef autrefois plafonnée ainsi que d'un chœur et d'une abside semi-circulaire voûtés respectivement en berceau légèrement brisé et d'arêtes à trois divisions, dont ne subsistent que les arrachements.
La séparation entre la nef et le chœur est marquée par un arc triomphal en tiers-point supportant un clocher-mur.Outre les piscines (Une piscine est destinée à recueillir et écouler l'eau utilisée pour le rituel de purification) et placards de l'abside et du chœur, un guichet communicant avec un bâtiment disparu est percé dans le mur nord de la nef. Selon une tradition orale, ce dispositif aurait servi à donner la communion à des lépreux non admis dans la chapelle.
On trouverait, dans le dos de l'édifice, une tombe marquée de la Croix de Malte, la croix des
chevaliers du Temple.
Il est intéressant de comparer cette photo avec celle, prise un mois plus tôt, du billet La grande boucle d'Achères-la-Forêt. Le passage du vert au rouge de la Vigne vierge ; Plus l'exposition est ensoleillée, plus les couleurs d'automnes sont vives. Bonheurs de la randonnée que de constater le passage des saisons d'un mois sur l'autre.
Puis les randonneurs reviennent à leur point de départ, dans le village des Valdéens
(Origine du nom : de vau, synonyme de val et du germanique aug ou augo, eau).
Une belle randonnée peuplée par les vestiges de l’Histoire et du catholicisme.
Bravo pour cet article frais qui respire la nature préservée....Merci pour les liens sur le village du Vaudoué ...nous consacrons plusieurs pages sur la chapelle de Fourches (Templiers)
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