Samedi 5 février 2011_Départ carrefour de l'Epine, haut lieu de l'escalade... En effet, un des plus prestigieux alpinistes français, Pierre Allain s’y entraînait et rivalisait avec ses amis du groupe de Bleau. Ils avaient fondé le Cuvier Academic Club et « Leur assiduité à fréquenter toujours les mêmes rochers, de week-end en week-end, leur apporta un surnom péjoratif: les forçats du Cuvier. (Sylvain Jouty)»
Les randonneurs vont traverser les secteurs rocheux du Rempart et de la Merveille.
C’est peut-être sur ces rochers que Pierre Allain a eu l’idée d’abandonner les chaussures cloutées pour des espadrilles avec des semelles de caoutchouc et d’inventer les chaussons d’escalade. C’est toujours le modèle le plus apprécié par les grimpeurs du monde entier « du premier coup, Pierre Allain avait créé un produit presque parfait (Jouty,p.130)» ainsi que d’autres innovations comme les équipements en duvet, le descendeur de rappel, le mousqueton léger...Dans son livre Alpinisme et compétition, Pierre Allain explique ce qu’il doit à Bleau et aux rochers du Cuvier :
«Ce n’est pas uniquement en vue de courses en montagne que nous allons à Bleau et que nous y grimpons, c’est même surtout parce que nous en faisons un jeu qui nous passionne en lui-même. Il nous entraîne ? Tant mieux(...) Si, sortant des « classiques », on s'aventure jusqu'à essayer un des « derniers grands problèmes du Cuvier », et qu'après bien des « buts », l'un d'entre nous triomphe de cette prestigieuses première de quatre ou cinq mètres, il est momentanément aussi fier que s'il venait de réussir quelque nouvel itinéraire sur les flancs d'un grand sommet des Alpes (...) A cette passion de l’escalade, nous ajoutons le plaisir du camping et de trente heures d’air pur, pendant lesquelles, oubliant tous les soucis du bureau, de l’atelier ou du comptoir, nous retrouvons chaque samedi, avec la même intense satisfaction, l’atmosphère spéciale de nos rochers et son groupe d’habitués.»
Les randonneurs arrivent sur une crête, une platière humide où se trouve la mare aux canards, immortalisée par le peintre Alexandre Défaux, en 1860. Plus loin, on trouve, après s'être coulé sous un bloc formant tunnel, nommé Passage des Francs-tireurs (lettre K), cette inscription que Colinet a laissé en hommage à ses souscripteurs.
Un chêne sessile au bord du GR 1. Nous constatons la robustesse et la forme iconique et rectiligne de son tronc. Sa cîme se déploie en éventail. En chiffres: Il vit au maximum 500 ans, sa hauteur maximale est de 48 mètres, sa circonférence maximale de 4,7 mètres.
Le chêne, selon l’Abécédaire des arbres remarquables:
Les chênes pédonculés et sessiles étaient utilisés en ébénisterie, pour la fabrication de placages de haute qualité, pour la charpente et comme merrain pour le vieillissement des vins. Ce sont de bons combustibles, leur charbon de bois entrait dans la composition des explosifs.Des informations qui font regarder d'un autre œil ce vénérable centenaire, porteur d'une histoire et d'une vie biologique courant sur des générations d'humains...
Les moulins à tan de Moret-sur-Loing s'approvisionnaient en forêt de Fontainebleau, car l'écorce des chênes fournissaient des tanins appréciés. Jadis, les glands, gros fruits secs logés dans des cupules et portés par des pédicelles, servaient de nourriture aux porcs , à telle enseigne que leur propriétaires devaient s'acquitter d'un droit de panage. Le chêne sert également d'abri aux insectes, oiseaux (les pics font des trous dans les troncs) et mammifères (les écureuils y font leur nid).
Compte-tenu de la longévité du chêne, Cuvelier aurait pu également en tirer une image argentique, comme pour la reproduction à droite. A l’époque, pour immortaliser ce chêne sur une épreuve, le temps de pose durait au moins vingt minutes…C'est dire la valeur de ces images photographique arrachées au temps. Eugène Cuvelier utilisait deux techniques: le calotype et la plaque collodionnée, lourde, fragile, encombrante. . Depuis, nous sommes passés au numérique. (Source Les photographes de Barbizon, de Daniel Challe et Bernard Marbot)
Taine écrivait : Les branches noires, tordues, font saillie avec une force extraordinaire dans la clarté épanchée ou sur l'azur profond.
Goncourt :
Á voir la torsion de leurs branches noires sur le ciel, la convulsion de leurs forces, le désespoir de leurs bras, le tourment qui les sillonne du haut en bas, l'air de colère titanesque qui a fait donner à l'un de ces géants furieux du bois le nom qu'ils méritent tous : le Rageur, Coriolis éprouvait comme un peu de la fatigue et de l'effort qui avait arraché à la cendre ou à la maigre terre toutes ces douloureuses grandeurs d'arbres.
La tradition du bivouac chez les forçats du cuvier dans l’immédiate après-guerre les menait peut-être jusqu’au Club zéro sous la voûte duquel les randonneurs s’immortalisent par de nombreuses photos...
Et l’arrivée au point de vue du Camp de Chailly, ouverture sur l’horizon. On dit que, par temps clair, on aperçoit les lumières de la Tour Eiffel au loin, là-bas...
Ensuite, le retour au parking.
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