dimanche 4 mars 2012

Pétrole et décharge en Seine-et-Marne par CO2 mon amour



Encore France-inter ! Et oui, le hasard de la programmation a voulu que samedi 25 février 2012, CO2 mon amour, l'émission qui empêche de polluer et s'efforce de ne pas penser trop vite, traite de la Seine-et-marne.
Au programme: l'huile de schiste et le problème des décharges, qui risque de s'accentuer avec le Grand Paris.
Nous ne sommes pas dans le noir et blanc. D'un coté, un sujet qui a entraîné une forte mobilisation citoyenne avec peut-être une part d'irrationnel, et de l'autre, les déchets, dont nous sommes tous responsables, thème rebutant qui questionne notre modèle de société. Il suffit d'être marcheur ou cycliste et de regarder le bas-coté des routes, avec ses canettes, ses bouteilles et autres déchets plastiques pour être parfois saisi d'accès de misanthropie et maudire le comportement de certains automobilistes. Cette remarque faite, l'émission est surtout intéressante pour la quantité de liens externes qu'elles propose.
- Sans elle, aurai-je trouvé cette page sur les incinérateurs en Ile-de-France. Celui de Vaux-le-Pénil.
- Le Centre national d'information indépendant sur les déchets, mettons le nez dans nos poubelles...
- Je ne connaissais même pas Ile-de-France environnement, union de plus de 370 associations de protection de l’environnement. Elles défendent les rivières, surveillent la qualité de l’eau, luttent contre le bruit, dénoncent la pollution, les déchets,le saccage des paysages.
- Grâce à l'observatoire régional des déchets d'IDF, je visualise les déchetteries et j'ai un portrait exhaustif du traitement des déchets, coût, traitements, les ménagers, les dangereux...
- Et vous pouvez aussi lire cet article du Monde : « Au fil des années, la Seine-et-marne se hérisse de hautes buttes d'une vingtaine de mètres, mélange de béton et de ciment, de débris minéraux ou bitumineux : des installations de stockage de déchets...lire la suite».
.Et encore d'autres liens dans la retranscription de l'émission :

L'IDF est la plus petite région française 2 % du territoire, 11000 km2 ,et contient 20 % de la population française. Elle produit 30 % du produit national brut. 50% de l'IDF sont des zones agricoles ou forestières. La Seine-et-Marne représente 49% de cette région.
On va donner deux coups de loupe sur deux problèmes en Seine-et-Marne: l'huile de schiste, énergie non-renouvelable et le dépôt des déchets.

Pourquoi ce bassin est-il privilégié pour la production du pétrole ?
Michel Riottot, Président d’Ile-de-France Environnement, ingénieur de recherche au sein du laboratoire d'endocrinologie de la nutrition à l'université Paris Sud d'Orsay (Essonne) et chercheur au CNRS :
Ça remonte à très longtemps, c'est dans les aires géologiques du primaire et du secondaire. Au primaire, il y avaient énormément de végétaux, qui se sont enfoncés dans les lagunes, ils ont été recouverts par de l'eau chaude, de nombreux microbes ont colonisé tous ces végétaux, les ont transformés progressivement. Ils se sont enfoncés sous le sol, recouverts par un tas de couches. Ceux du primaire se sont transformés en charbon, ceux du secondaire se sont transformés en pétrole et ce pétrole a été enkysté dans des roches. Vous avez deux  types d'enkystages : dans des roches microporeuses qui vont vous donner du pétrole traditionnel, que l'on a recueilli en IDF dans les années 60. Elle produisait 1% des besoins français en pétrole.
Puits de pétrole conventionnel à Chartrettes (C07 sur la carte)
Le deuxième type de roches qu'on appelle des schistes, pour leur aspect feuilleté, et non à cause de leur nature, ce sont des sédiments argileux qui renferment du pétrole, mais elles l'emprisonnent, et il faut inventer des techniques nouvelles pour les recueillir.
La fracturation hydraulique.
Cette méthode est pratiquée depuis très longtemps, mais elle est arrivée dans notre vocabulaire récemment.
Reportage sur le terrain avec Jeanne Buisson, présidente de Nature Environnement 77, Marie-Paule Duflot la vice-présidente, Danièle Salomon chimiste, et Serge Rossière-Rollin, maire de Donnemarie-Dontilly.
Ce qu'on nous explique sur ce panneau, chantier interdit au public, un numéro d'urgence...On a une plate-forme vide, il y a de drôles de panneaux, rectangulaires avec émanations de produits dangereux, on nous interdit d'entrer, en tout cas le portail est très bien entretenu, il y a un cadenas tout neuf.
M.P. Duflot: on a découvert ce lieu en se promenant, avec des cartes IGN au 25 millièmes, on est arrivés sur ce secteur, et on découvert une vingtaine de gros camions-tonnes qui contiennent de l'eau, et puis une centaine de sacs de chlorure de potassium. Ce matériel-là était prévu pour faire de la fracturation hydraulique.
Aujourd'hui, la loi dit que toute fracturation hydraulique est interdite, les camions ont disparu, le chlorure aussi. Je pense que les pétroliers attendent quelque part que la loi évolue pour pouvoir fracturer.

Qu'est-ce-que c'est que la fracturation ?
On met de l'eau dans le puits et on pousse très fort. On consomme beaucoup d'eau. L'idée, c'est de pousser sur le schiste pour ouvrir des fractures. Mais où va-t-on aller chercher cette eau ?

Vous pourriez vous réjouir d'avoir une manne financière sur votre territoire, un mini-Koweit ?

Le maire:  vous savez, on a déjà un puits de pétrole sur Donnemarie-Dontilly et ça rapporte des clopinettes.
On est en seuil de crise renforcée depuis 5 ans, on dit aux gens vous n'arrosez pas vos fleurs, vous faites des économies d'eau, on est obligé, à cause des pollutions, d'aller chercher de l'eau assez loin, ça nous coûte assez cher et on nous annonce que des sociétés vont être autorisées à prélever des millions de m3 dans la nappe. Cette eau, il faudra la prendre quelque-part, on va rejeter de l'eau qui va être fortement polluée. Retour sur investissement : zéro, par-contre on risque d'être impactés par tous les problèmes...
Fin 2010, on a été alertés par des arrêtés préfectoraux: déclaration de travaux du coté de Doue, Jouarre, et qui concernaient des travaux de forage sur le permis de Château-Thierry. On a découvert qu'un an auparavant, un permis de recherches d'hydrocarbures avait été attribué sur ce secteur-là, et que ça concernait du pétrole non-conventionné qui nécessitait de la fracturation hydraulique. Dans le même temps, on commençait à recevoir des informations sur ce qui se passait aux USA , et les conséquences, il y avait aussi le film Gasland qui commençait à circuler. La mobilisation  s'est faite à partir de là, avec création de collectifs locaux. En février 2011, il y avait une fracturation imminente sur le forage de Doue.

Cela suscite notre inquiétude car on manque d'informations. Si on a du pétrole sous nos pieds, ce serait ridicule de ne pas en profiter. Le souci: on est mis devant le fait accompli et on avance de manière masquée. Si il n'y a aucun risque, pourquoi on n'en parle pas. Ce sont les foreurs qui sont juges et partie avec leurs géologues.
Sur le site du ministère, il y a une carte avec les sites: permis de production de pétrole conventionnel, avec une poche, les permis d'exploration et les permis en instruction...
On s'aperçoit qu'elle couvre les deux tiers de l'IDF; toutes les zones karstiques sont concernées.
    
Carte des périmètres hydrocarbure Ile-de-France, cliquez pour agrandir
          Cliquez pour lire la carte sur Calaméo : Lire la carte.

Bernard Tardieu , ingénieur et membre de l'Académie des technologies, donne son avis :
La loi n'interdit pas de faire des reconnaissances pour savoir si on a de l'huile sous les pieds ou si on n'en a pas. C'est dommage que les français aient découvert ce qu'on peut considérer comme une bonne nouvelle -des hydrocarbures en France- le gaz de schiste, à travers le film Gasland, qui présente avec (hum) une certaine justesse ce qui s'est passé aux États-unis qui n'est pas très brillant du point de vue technologique. Simplement, il faut se rappeler qu'aux Etats-unis le prix du gaz a été divisé par trois, ils étaient importateurs de gaz, ils sont devenus exportateurs de gaz...L'organisation globale du gaz dans le monde a été changé de ce fait.
Gasland ne représenterait pas la réalité de demain si on découvrait
du gaz ou de l'huile de schiste ?
B.T.: J'ai trouvé incroyable qu'à la demande de la chambre des représentants,
il y a un an et demi, on découvre que 600 produits interdits avaient été injectés pendant dix ans. On se dit mais que fait la police aux Etats-Unis...Par ailleurs, des puits mal cimentés, on en a vu dans l'off shore avec l'énorme accident  dans le golfe du Mexique...
On sait contrôler et réaliser  des cimentations de puits correctes. Il n'y aucune obligation d'injecter des saloperies dans le sol, les technologies sont connues depuis longtemps.
Nous avons peut-être un potentiel sous les pieds... Nous ne savons pas comment sera le futur, les tensions internationales risquent de devenir fortes, les pays asiatiques vont en demander de plus en plus, on a tout intérêt à savoir ce qu'on a sous nos pieds en huile et en gaz, même si on ne l'exploite pas tout de suite, pour avoir, le moment venu, des arguments de négociations. Cela me paraît très imprudent de ne pas connaître notre potentiel.
Et la pollution des eaux et des fameux produits chimiques que l'on injecte, en plus du sable?
B.T.:La fracturation hydraulique est un procédé très classique, on en fait depuis longtemps, notamment pour améliorer les forages d'eau, quand il y a de l'eau dans le granit, on fait de la fracturation hydraulique. Nous injectons des produits fluidifiants, en gros du savon, si vous voulez, souvent on injecte de l'acide qui se dissous ensuite dans l'eau. Le sable fin ou ces poudres fines servent à ce que les fissures ne se referment pas. Normalement, après une fracturation dans la roche, la fissure s'ouvre et reste ouverte. Là, comme on est dans l'argilique, des roches dures mais plastiques, on les empêche de se refermer en glissant des grains de sable dedans, de façon que l'huile ou le gaz sorte progressivement.
Et la consommation d'eau ?
B.T.:On peut injecter moins d'eau, on doit la récupérer, on sait parfaitement le faire. En géophysique, on sait parfaitement suivre la progression des zones fracturées, on ne doit pas s'approcher trop près d'une faille, sinon l'eau va ailleurs et elle peut être perdue. Si l'eau remonte et si on la retraite, il n'y a aucune raison de la gâcher.
Le seul sujet qui peut être délicat: quand on injecte l'eau en profondeur, on ne sait pas forcément ce qu'on va remonter. Avec une circulation d'eau très profonde on peut se retrouver avec des contenus radioactifs ou des métaux lourds. Ce qu'on ressort doit faire l'objet d'une analyse à chaque fois.
Michel Riottaux: Je suis un peu surpris: la fracturation hydraulique n'est pas anodine...
Denis Cheissoux: Ce n'est pas ce qu'il dit...moi, je sais que hors micro, il nous disait : moi je comprends que les gens se soulèvent et qu'ils n'aient pas envie d'avoir ça chez eux.
Michel Riottaux: Voici une dépêche AFP datant de février 2012: l'Europe veut pénaliser le pétrole sale venant des sables bitumineux du Canada, en raison de son impact négatif sur l'environnement. N'est-ce pas le cas de ce qu'on trouve en Seine-et-Marne ? Quand on voit les ravages à Alberta, c'est dément...
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Les décharges du BTP
Reportage: Nous sommes à Claye-Souilly, nous sommes derrière la décharge la plus grande de France pour les déchets industriels, si nous allons un peu plus loin vers la Nationale 3,  nous allons trouver une décharge pour les déchets inertes, si nous allons vers Villeparisis, nous allons avoir la décharge de déchets dangereux. Autrement dit, nous recevons beaucoup de déchets des départements voisins, et nous voulons qu'il y ait un rééquilibrage territorial.
Le Grenelle de l'Environnement disait : «on n'exporte pas nos déchets», or là, on va déborder tellement avec le Grand Paris et le creusement de la double boucle de métro automatique qu'on va aller remplir des carrières avec des granulats dans le Massif central...vive les déchets en camion...Association de défense de Claye-Souilly.

Pourquoi le 77 est-il devenu une décharge du BTP ?

Franck Rolland, conseiller municipal à Villeparisis, co-responsable du collectif Stop déchets 77: La Seine-et-Marne dispose de réserves foncières importantes pas trop chères, et à l'époque de la prise de décision, il n'y avait pas grande population, donc pas de gêne ni d'opposition pour la création et l'extension de ces décharges.

Denis Cheissoux :
Déchets inertes, briques, béton, céramique, on en produit 830 millions de tonnes par an et 30 millions de déchets ménagers.
Quand on passe en Seine-et-Marne - beau département par ailleurs, on ne va pas déséspérer les gens -, on voit pleins de tumulus, de merlons, qu'est-ce-que c'est ?

Aujourd'hui, les déchets commencent à se voir; ils sont déposés dans des centres de stockage, des carrières. La région veut mettre en place un plan d'élimination des déchets, le Predec (plan régional de prévention et de gestion des déchets de chantier), en 2013, 2014 mais en attendant, il y a une accélération des demandes de création de ce type de décharges...
Les souhaits du monde associatif:
Mieux répartir sur toute l'IDF.
Mise en place d'enquêtes publiques lorsqu'elles sont crééés ou qu'elles s'étendent...car aujourd'hui, c'est au libre choix du préfet, et les habitants ne sont pas tenus au courant. Le thème est rebutant, et la mobilisation peine à se mettre en place.
La suite et fin de l’émission est un peu brouillonne, Michel Riottaux souligne que la France totale a perdu 20 % de surface agricole utile en 50 ans et que si la tendance continue, en 2050, notre pays sera en déficit de surface de production de denrées alimentaires. D’où l’urgence de sanctuariser des surfaces de terre, comme à Brétigny, Saclay, et le problème posé par les projets jugés mégalomaniaques autour de Roissy, symbolisé par le collectif du Triangle de Gonesse.
La semaine suivante, samedi 3 mars 2012, CO2 parle de la Montagne demain.

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